Je m’appelle Santiago. Je suis berger - et alchimiste. J’ai eu une vie extraordinaire, j’ai eu la chance de pouvoir accomplir ma légende personnelle, et je mène aujourd’hui une existence paisible dans l’une des plus belles villes du monde, Tarifa, avec Fatima, l’amour de ma vie.

Lorsque j’étais jeune, j’ai cherché moi aussi le chemin de ma légende. Pour la suivre, j’ai dû quitter ma famille, abandonner mes moutons, laisser la boutique de cristaux, perdre de l’argent. Tout cela constituait les étapes de ma légende personnelle. Si j’étais devenu prêtre comme le souhaitait mon père, si j’étais resté auprès de mes moutons, si j’avais continué à vendre des cristaux… je n’aurais pas été au bout de mon rêve, et j’aurais raté un bout de ma vie.

J’ai rencontré une gitane, un roi, un anglais, des gens du désert, et toutes ces personnes m’ont permis d’avancer et de grandir ; ils m’ont appris à reconnaître les signes, m’ont enrichi et m’ont révélé mes envies de vivre. Ils m’ont montré la voie de ma légende, et m’ont donné l’énergie pour la suivre jusqu’au bout, pour ne jamais renoncer… ne jamais rien regretter.

Et puis un jour béni, j’ai croisé le regard de Fatima, dans une oasis au milieu du désert. En la voyant pour la première fois, en échangeant nos sourires, en passant bientôt du temps avec elle, en apprenant à la connaître, en partageant des instants et tout ce qu’il est possible de partager avec la personne qu’on aime, j’ai imaginé un court instant avec cette rencontre être arrivé au bout de ma légende personnelle.
Mais elle savait autant que moi qu’il me restait bien d’autres choses à accomplir, d’autres lieux à découvrir, d’autres instants à vivre. Qu’elle arrivait sans crier gare au beau milieu de ma légende, et qu’elle n’avait pas le droit de l’interrompre.

J’ai longtemps hésité avant de la quitter, par peur de la perdre à jamais. Mais la vie m’appelait, je devais suivre mon cœur, aller à la recherche de mon trésor, et dans mon esprit je devais être seul pour accomplir ma légende !…
Fatima m’a regardé partir. Elle n’a rien dit.

Elle savait que je faisais partie de sa légende. Moi, j’étais trop jeune intérieurement pour le savoir, je pensais légende, trésors, pyramides… C’est en arrivant au pied des pyramides que j’ai compris le message caché dans le silence de Fatima. « Aucun amour ne peut éloigner une personne de sa légende personnelle… »
Fatima a accompagné de ses prières et de ses encouragements chacun de mes pas dans le désert à la poursuite de mon trésor. Et l’amour indéfectible qui me liait à elle est à n’en pas douter l’une des clés essentielles de ma réussite. D’une patience et d’une compréhension rares, elle ne m’a jamais reproché mon départ. Du début à la fin de son attente, elle n’a jamais souhaité qu’une seule chose : que j’accomplisse ma légende et que je trouve le trésor caché près de mon cœur… le secret de l’amour et du bonheur.

En chemin, je pensais parfois à Fatima. J’étais persuadé que d’autres femmes du désert auraient pu me rendre heureux, me donner de l’amour, me permettre de réaliser mes rêves. Mais aucune n’était Fatima… Nous avions partagé des moments d’une telle intensité à chaque fois que nous avions été ensemble ! J’ai alors compris que c’était elle, celle qui me connaissait et me comprenait comme aucune autre, celle qui ferait de moi le plus heureux des hommes, celle qui avait accompagné mon cheminement vers la réalisation de ma légende, et à qui j’avais permis par la même occasion d’atteindre la sienne…

Il y avait trop de signes entre nous pour que l’univers ne conspire pas à réaliser à nouveau cette alchimie et cette histoire.

Suis ta légende, cherche ton trésor, va voir les pyramides, trouve l’amour, je te le souhaite de tout cœur. Prends soin de toi… ne te perds pas en route.

Cyril - septembre 2000