Manon et moi - Comme un petit sauvage

Comme Alexandre Eiffel, j'ai moi aussi éprouvé le besoin de me recommencer, de remettre un peu d'enfance dans ma vie... J'étais moi aussi devenu "un vieux con", à 26 ans ! Je m'étais perdu, j'étais devenu un être égoïste et assagi, aussi "sinistre et prévisible" que ne l'était le personnage du roman. La rencontre de Manon a agi sur moi comme un détonateur, c'est elle qui m'a permis de me retrouver, de me rappeler ma vraie nature, de me rapprocher de moi - et de mon entourage.

Pour séduire Manon, digne de l'héroïne d'Alexandre, pour la conquérir - et la reconquérir, il fallait être un petit Sauvage aussi vrai, aussi fou et authentique que celui du roman. C'est ainsi que j'ai commencé à me prendre pour un personnage sorti d'un roman de Jardin. Voilà ce que j'écrivais à Manon dans une lettre, alors que je la sentais déjà s'éloigner...

« Nous devons réapprendre à croquer la vie et l’amour, refaire de notre histoire un roman d’Alexandre Jardin ! Retrouver notre jeunesse d’esprit, notre insouciance, notre envie de profiter de tous les moments qui s’offrent à nous sans nous prendre la tête ! Je dois redevenir « le petit prince de ton cœur », imprévisible, fou d’amour, déraisonnable… Celui qui ne s’interroge pas sans arrêt sur l’avenir de notre relation, celui qui ne se soucie pas de ce que tu peux ressentir pour lui ! Si tu savais comme j’ai encore de envie de te surprendre (et d’être surpris !), de t’embrasser, de te voir sourire,de t’entendre chanter, de faire l’amour avec toi, toutes ces nécessaires envies dont il faut savoir profiter spontanément, sans les analyser… Si tu me permets de vivre tous ces instants de bonheurs-là, et si je lis dans tes yeux que tu partages ce que je ressens, j’en ai rien à faire de ce que tu éprouves pour moi ni de savoir où l’on va !
Toi, tu dois redevenir la « Manon » que je connais… Pas simplement celle qui m’abandonne son corps et avec qui je rêve toujours de faire l’amour dans un arbre ! « Manon », c’est cette jeune fille insouciante et radieuse qui mord dans la vie à pleines dents, qui « distribue ses sourires et en reçoit autant », qui chante son amour de l’existence, qui profite de chaque instant de bonheur sans réfléchir aux suivants ! Or, depuis quelques temps, cette Manon-là a perdu un bout de son sourire parce qu’elle s’interroge sur les instants qu’elle vit, doute parce qu’elle se croit confrontée à des choix, et pleure de désespoir de ne pas trouver de solution évidente… Range donc tes questions et tes sombres doutes, tes peurs et tes inquiétudes… »

(Extrait d'une lettre à Manon, août 2000)

Quand elle m'a quitté pour de bon, j'ai définitivement décidé de refuser l'inéluctable et je m'étais promis de ne jamais renoncer à cette histoire tant que j'aurais la force d'y croire... Voici ce que j'écrivais dans une lettre (jamais envoyée celle-ci), deux mois après son départ :

« Un soir d’octobre, dans le train de retour d’une escapade à Paris, voilà que je me sens soudain dans la peau d’un personnage d’Alexandre Jardin, dont la mission serait de reconquérir l’amour de celle qu’il aime… un amour " impossible ", puisqu’elle vient de le quitter, qu’elle a cessé de l’aimer – qu’elle en aime un autre –, et que ces huit ans d’écart si pesants entre eux les sépareront toujours ! Le rôle m’enthousiasme au plus haut point, et le projet de tout faire pour parvenir à cet inaccessible stimule alors mon imagination et mon optimisme. Pour connaître à nouveau l’immense bonheur de cette relation unique, abattre des montagnes et surmonter tous les obstacles jusqu’à toi me paraît tellement réalisable ! Si c’est le prix à payer pour vivre une histoire d’amour comme celle que nous avions partagée l’espace de quelques mois, aussi vraie, aussi intense et magique, cela ne me semble pas déraisonnable…»

(Extrait d'une lettre à Manon, novembre 2000)