Alexandre Jardin
auteur et inspirateur

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Auteur | Oeuvre | Comme un petit sauvage | Manon, une héroïne

Alexandre JardinSi l'écrivain est renommé, on sait en revanche bien peu de choses sur le personnage. Voici la formule énigmatique qu'on pouvait lire sur la réédition 2000 de ses romans : "Il a quitté l'homme qu'il fût jusqu'à présent ; personne ne sait qui il deviendra..." Voilà deux ou trois choses que je sais de lui.

J comme... Jardin
A comme... Auteur
R comme... Rêveur
D comme... Discret
I comme... Inspirateur
N comme... N-igmatique

Aimer est la seule activité qui puisse faire de nous des mieux que nous.
Alexandre Jardin, Le Zubial

Pour comprendre l'homme et l'écrivain, il faut faire un peu de généalogie. Alexandre est le fils de l'écrivain Pascal Jardin (1934-1980) et le petit-fils de Jean Jardin dit le Nain Jaune. Comme Pascal le fit jadis dans un ouvrage intitulé justement "Le Nain Jaune", Alexandre a tenu à son tour à rendre hommage à son père dans un livre de confessions bouleversantes : le Zubial. Voici le portrait qu'il y dresse de sa propre famille :

«Parfois je me suis senti furieux d'être son fils, d'appartenir à cette famille dont la culture séduisante coûte si cher à tant de ses rejetons. Chez les Jardin, devenir soi passe par d'exténuantes exigences. Ce que nous sommes ne suffit pas, jamais. Vivre signifie enfourcher un destin, aimer est pour nous synonyme de se projeter dans des amours vertigineuses. Le normal est notre hantise, l'exorbitant notre mesure, et notre ridicule vanité. Mourir passe par les affres du suicide, par un cancer effroyable ou la disparition en mer. Un Jardin ne s'éteint pas dans son lit en sirotant une tasse de thé ; sa mort se doit d'être vibrante, signifiante ou sublime de grotesque.

Chez nous, tout est matière à fiction. Ceux qui n'écrivent pas se regardent comme des écrivains non-pratiquants, et le sont en général. Nous ne nous apprécions vraiment que si le récit de notre existence vaut le coup. De l'encre coule dans nos veines ; là est notre beauté, mais aussi notre tragique bêtise, voire notre misère.
Pour un Pascal, comète fulgurante, combien de ratages sanglants ? Combien se sont pendus, ivres du malheur de n'avoir pas connu une destinée anormale ? Combien ont souffert de n'être pas fiers d'être simplement eux-mêmes ? Le Zubial fut, avec mon grand-père, le Nain Jaune, cause de ce dérèglemement de nos boussoles intimes. Tous, nous avons voulu être un peu ces hommes fabuleux, détestés et adorés...»

Je ne sais pas si Alexandre se considère aujourd'hui digne d'être un Jardin, mais j'aime la manière dont il a pris la succesion de ses prestigieux ancêtres et je pense que le Zubial aurait pu s'écrier comme Gaspard dans le Zèbre : « J'ai un fils ! »

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Qui me prend pour un cinglé n'a pas vraiment aimé.
Les fous sont ceux qui oublient de l'être par amour.

Alexandre Jardin, Fanfan

Alexandre a publié huit romans (à découvrir dans la partie Oeuvre intégrale). Le succès est venu immédiatement à lui puisqu'à l'âge de 21 ans (en 1986), il obtient le prix du Premier Roman pour Bille en Tête. Deux ans plus tard c'est la consécration avec le Zèbre, prix Femina en 1988. Alexandre écrit le langage d'un peuple qui se reconnait en lui : aujourd'hui, chacun de ses romans totalise la bagatelle de 600 000 à 800 000 exemplaires vendus.

Certains sont agacés par son entêtement à lutter contre les affres du temps, à "refuser l'inéluctable", à dénoncer les facilités du mariage établi. Futile et flatteur pour les uns, romantico-adolescent immature et naïf pour les autres... La critique ne l'a jamais épargné, lui reprochant souvent de ne pas se renouveler.

Voici sans doute l'une des plus voraces critiques anti-Jardin jamais écrites... (à propos de "Autobiographie d'un amour") :

"Personnages stéréotypés, descriptions qui imitent des cartes postales, exotisme simpliste qui frise le colonialisme, vocabulaire prétentieux et de mauvais goût, tous les ingrédients sont réunis pour rater la sauce. Mégalomane ou d'une naïveté déconcertante, Alexandre Jardin (et Gallimard) traîne le lecteur en dehors des frontières de la littérature pour le pousser malgré lui aux limites d'un genre ordinairement publié chez d'autres maisons d'éditions, mais qui, soit dit en passant, rapporte.
Sans surprises, l'histoire se déroule selon la logique du roman courtois. Mais l'impossibilité de la rencontre amoureuse qui génère de grandes sensations chez le lecteur lorsqu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre sert ici de prétexte et non de moteur à Alexandre Jardin pour bâtir son histoire. Ainsi, tout se passe comme si l'auteur, croyant posséder une recette infaillible, avait assaisonné son plat de quelques clichés éculés, sans se donner la peine d'en vérifier la saveur. Difficile à avaler !"
(Florence Thomas - Lu sur nuitblanche.com, soi-disant magazine littéraire d'information...)

Merci pour nous, lecteurs de Jardin... Nous serions donc des abrutis à apprécier des romans si exécrables ?!? Je suis fan et donc pas objectif, mais j'ai lu (et relu) tous ses bouquins sans jamais avoir l'impression de lire le même ! Qui peut dire que ses personnages sont identiques et stéréotypés ? Par leur grandeur et leur folie, qui rendent possible toutes les aventures, sans doute... mais sûrement pas par leurs motivations et leurs aspirations. Sans avoir disséqué l'oeuvre littéraire de Jardin (je laisse ça à ceux dont c'est le métier), j'ai pour ma part perçu une vraie évolution au fil des romans, vers des rapports plus matures, plus authentiques, à la recherche de qualité davantage que de quantité dans la relation amoureuse. Et nous sommes quelques centaines de milliers à apprécier...

Un autre regard sur l'écrivain Jardin :

« La vie est trop courte pour être petite ! »
[ Un article enthousiaste d'une lectrice conquise - lu sur Jenndoubout.org ]

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L'énergie que les êtres humains mettent à résister au bonheur me rend fou !
Alexandre Jardin, Autobiographie d'un amour

Comment un bonhomme comme lui peut avoir les pieds sur terre ? Ses personnages sont toujours en quête d'un idéal, d'une utopie, à la poursuite perpétuelle de leurs rêves... Encore un héritage du Zubial, cette volonté de croire que rien n'est impossible pour ceux qui s'accrochent à leurs désirs les plus profonds.
« - Tu vois ma chérie, à force de croire aux trésors, ils finissent par exister... » (Gaspard à sa fille Natacha dans le Zèbre)

Deux extraits significatifs de cet état d'esprit résolument jeune et optimiste :

Alexandre est un utopiste, un idéaliste qui rêve de "remédier, modestement à ce qui détraque la vie de son pays". C'est cette même soif d'idéal qui guide sa démarche citoyenne avec l'action du Relais Civique (cf. ci-dessous). Comme il le dit lui-même : "Je raffole des utopies qui deviennent réelles !"

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J'ose l'avouer, le coeur était et demeure mon organe de prédilection. Je ne dédaigne pas le cerveau, mais il me semble qu'on ne raisonne que trop là où il faudrait ressentir pour ne rien regretter quand vient le grand âge.
Alexandre Jardin, Fanfan

Jardin ne s'affiche pas. Ses apparitions télévisées sont rares, ses interviews également... Il n'a pas de site Internet officiel, et à part celui-là il n'existe à ma connaissance qu'un seul site qui lui soit consacré (le Jardin d'Alexandre), peu fourni et peu mis à jour faute d'actualité... C'est dire qu'il faut se lever de bonne heure pour avoir de ses nouvelles !

Sans avoir mené d'enquête très poussée, voilà ce que j'ai pu apprendre sur lui :

Et puis... c'est à peu près tout ! Comme disait un lecteur sur Internet, il faudra sans doute attendre que l'un de ses fils écrive un roman sur lui :-)

Jardin et le Relais Civique

Depuis quelques années, l'écrivain s'affirme comme citoyen à part entière, acteur d'un renouveau social autour d'une idée : le Relais Civique. Fondé par Alexandre lui-même, ce mouvement rassemble "un ensemble de citoyens issus d'horizons divers désireux de participer à la résolution des problèmes graves et urgents de la société française par le biais d'une participation directe des Français sur la base du volontariat". (lu sur www.relaiscivique.info).

Ce besoin d'engagement "politique" est né en 1997, à la suite d'une soirée électorale marquée par la montée en puissance des extrêmismes. En 1998, Alexandre prenait position contre le Front National, pour la démocratie et la défense  des libertés au sein d'un collectif intitulé "31 écrivains face à la haine" [ lire l'article de Jardin ]

Pour aller plus loin dans le combat qu'il s'est donné, il oeuvre depuis 1999 au sein du Relais Civique, mouvement associatif fondé "pour donner du pouvoir et non pour en prendre". Deux programmes nationaux ont déjà été lancés :

En savoir plus sur le Relais Civique

1+1+1...1+1+1...
Le dernier livre d'Alexandre, un essai pour expliquer son engagement au sein du Relais Civique

http://www.relaiscivique.info
www.relaiscivique.info

Le site officiel du Relais Civique qui présente les programmes et la démarche du mouvement

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Quel vertige que d'être soi ! Et de donner aux autres, subitement, le goût de l'être !
Alexandre Jardin, Le Zubial

J'ai découvert Jardin... au cinéma, avec l'adaptation du Zèbre (un film de Jean Poiré sorti en 1992 avec Thierry Lhermitte et Caroline Cellier) puis celle de Fanfan (un film réalisé en 1993 par Alexandre lui-même, avec Sophie Marceau et Vincent Perez). J'ai alors commencé à me plonger dans son oeuvre littéraire,avec le Zèbre... et puis j'ai rencontré le petit Sauvage. Ce livre eut le même effet pour moi que la redécouverte du Petit Prince à l'âge de 17 ans, ce fut une vraie bouffée de jouvence. J'avais 20 ans et j'entrais dans un monde adulte dans lequel j'avais du mal à trouver ma place... Alexandre vint alors me délivrer de mes angoisses, en me permettant de grandir sans avoir à me départir de ma part d'enfance.

Je suis devenu un lecteur fidèle et assidu, mais si je me sentais l'âme d'un fils de Zubial ou d'un petit Sauvage, je n'avais pas encore adopté leurs principes de vie... Et puis un jour, lors d'un voyage au Maroc au cours duquel j'avais justement décidé de relire le Petit Sauvage, j'ai rencontré une jeune fille. Ma vie a basculé quelques semaines plus tard, lorsque j'ai compris qu'elle était la Manon de ma propre histoire... celle qui allait faire de moi celui que je m'efforce d'être aujourd'hui.

Depuis, je tente de mener ma vie à la manière d'un personnage d'Alexandre Jardin, sans compromis, malgré les contraintes d'une réalité pas toujours en phase avec mes aspirations. J'essaie de vivre comme un petit Sauvage...

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Ah, être plusieurs fois soi-même, se réinventer, se rénover de façon éclatante !
Alexandre Jardin, Le Petit Sauvage

Quelle vie mène Alexandre Jardin ? Voilà la question qui m'obsède depuis ma rencontre - littéraire - avec cet auteur génial.

«Mes vingt ans me portaient à des initiatives qui à présent me paraissent fictives. Pourtant, j'ai été ce jeune homme si romanesque que j'ai parfois l'impression d'avoir vécu comme dans un livre. », peut-on lire dans Fanfan. Mais qui parle ? Est-ce Alexandre Jardin l'écrivain ou Alexandre Cruosé, le héros romantique ? De l'homonymie des prénoms à la présence récurrente dans ses livres des personnages qui ont marqué son existence (son père et sa grand-mère notamment), nombre d'éléments se mêlent pour ajouter à la confusion entre réalité et fiction. Puisque son oeuvre s'inspire largement de son vécu, jusqu'où est-elle autobiographique ?

Quelle part de lui se retrouve dans ses personnages ? Leur ressemble-t-il ? A-t-il été à 16 ans le Virgile de Bille en tête, a-t-il cherché à être le Gaspard du Zèbre ? A-t-il suivi les principes de ses Alexandres, le descendant de Robinson Crusoé qu'on rencontre dans Fanfan ou le descendant de Gustave Eiffel héros du Petit Sauvage ? S'est-il posé les mêmes questions existentielles sur l'amour que Lord Jérémy Cigogne dans l'île des gauchers, s'est-il remanié tel l'énigmatique M. Rivière qu'on découvre dans Autobiographie d'un amour ?

Autre question qui me tarabuste : lui qui est marié depuis bientôt quinze ans, quel mari et quel amant est-il aujourd'hui dans ce qu'il définit comme "la dernière grande aventure", le mariage ?

J'ai trouvé quelques éléments de réponse dans cette lettre qu'il adresse à son père, 17 ans après sa disparition, à la fin du Zubial :

Paris, le 24 mai 1997

Papa,

Pendant dix-sept ans, j'ai essayé de me faire croire que je n'étais pas ton fils, que ton sang n'était pas descendu jusqu'à moi. Avec obstination, je me suis attaché à effacer de mon caractère les traits et les élans qui nous étaient communs ; et, dès que je sentais rejaillir en moi les bourgeonnements de ta sève, je m'amputais de mes désirs les plus vifs, de cet esprit de cabriole qui était le tien et avec lequel j'étais en litige.(...)

Mes romans furent aussi pleins de vitalité, de joie et de liberté que mon existence en était vide. Obéir à mon tempérament de furieux me faisait si peur que je m'étais inventé une autre nature, toute en raideur, en refus des belles imprudences. N'être pas toi fut la maxime qui régla ma conduite ; avec constance, je me suis dézubialisé.(...)

Dès vingt-trois ans, je me suis empressé de me marier, avec le fol espoir de domestiquer ainsi mes instincts, d'entraver mon naturel fiévreux, avide d'amours tempêtes. Effrayé de porter tes gènes, j'ai écrit des romans ivres de monogamie, je me suis fait l'apôtre d'une fidélité exaltée ; mais dans cet excès même se marquait ma filiation. Sans cesse, j'ai lutté pour que notre nom devînt le symbole d'autre chose que de tes appétits sans limites.(...)

Chaque jour je jouissais de mieux entendre ma femme, d'essayer de m'en faire écouter ; nous apprenions à déjouer les pièges récurrents de notre amour. Doucement, je parvenais à moins souffrir dans les liens tendres qui me font vibrer, et à préserver ceux que j'aime de cette part de moi-même qui m'échappe encore.

Mais... désormais je te retrouve, mon vieux Zubial, dans ce livre et en moi. Il me semble que je sors d'une longue parenthèse. Ta mort a enfin cessé de nous séparer. J'ai envie d'être à nouveau ton fils. Le goût me revient d'exister avec fureur, de m'exposer à tous les risques, de ne renoncer à aucune des nuances explosives qui me constituent. Ce grand réveil, je le dois sans doute à ma femme, que j'ai d'abord regardée comme une digue contre mes coups de sang, et qui constamment refusa ce rôle qui ne lui ressemblait pas, qui la blessait. Toujours, elle s'efforça de me dégeler, tant elle aimait celui que je n'osais pas être, tant elle me désirait libéré de ma terreur d'être toi. C'est d'ailleurs elle qui me poussa à écrire ce livre en m'aidant à m'y autoriser ; c'est l'un de ses talents, et pas le moindre, de savoir me conduire vers ma sincérité.

À présent, je sens renaître en moi le désir de suivre avec elle les panneaux qui indiquent d'Autres directions. Provoquer le destin, l'aiguillonner sans relâche, me met l'eau à la bouche. Je suis à nouveau tenté par l'euphorie de dire ma vérité, de quitter mes jolis mensonges qui valent moins que le plaisir robuste d'être réel. L'autre jour, lors d'un dîner chez des amis, je n'ai pas résisté à la tentation d'avouer que je n'ai jamais cru aux professions de foi de mes héros de roman. Autour de la table, il y eut un silence. Je me suis alors empressé d'ajouter que j'avais toujours voulu croire en leurs rêves d'amants, sans jamais y parvenir, et que j'écrivais pour tenter de me convaincre de mes propres songes. Au fond, je reconnaissais que je suis comme tout le monde : plus j'affirme mes idées, plus mes doutes me sont insupportables. Cela m'a fait du bien de me montrer à visage nu. Quel vertige que d'être soi ! Et de donner aux autres, subitement, le goût de l'être ! Je sens renaître dans mon caractère cette inclination qui me porte chaque jour davantage à me risquer... (...)

Alexandre Jardin, le Zubial

Alexandre reste néammoins pour moi un personnage énigmatique et éminemment fascinant - au moins autant que ceux de ses romans - et je rêve de le rencontrer pour apporter une réponse à toutes mes questions...

Plus sur le personnage :

L'oeuvre intégrale
[Présentation commentée et détaillée (résumé et extraits) de tous les romans d'Alexandre Jardin]
Interview 2002
[Entretien réalisé par Gallimard à l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Mademoiselle Liberté"]
« La vie est trop courte
pour être petite ! »

[Un article enthousiaste d'une lectrice conquise - lu sur Jenndoubout.org]
« Pour que le maximum
ne soit plus un minimum »

[31 écrivains face à la haine : Jardin engagé contre le Front National, pour la démocratie et la défense des libertés]
Lire et faire lire
[Jardin acteur social au sein d'une association qui crée des passerelles intergénérations entre retraités et écoliers pour susciter le goût de la lecture et former des enfants lecteurs]

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