Hommages à Balavoine
Quelques artistes saluent la mémoire
de "l'homme qui pouvait sauver l'amour"

Accueil > Manon > Daniel Balavoine > Hommages

"Je m'emporte..." | Hommages | Balavoine par Manon | Quinze ans déjà

La chanson aujourd'hui, c'est un acte de violence et de tendresse. Pas la violence arbitraire et imbécile, la violence généreuse qui communique l'énergie. Pas la tendresse sirupeuse mais celle qui nous touche le coeur.
Cette violence là, cette tendresse là, Balavoine les a en lui et il nous en fait cadeau. Bien plus que la subtilité littéraire de la "chanson française" ou le simple engagement radical des purs et durs du rock des années 80.
Un créateur, un vrai, avec son univers qu'on peut aimer ou détester, mais qui nous balance avec sa voix incroyable sa vision de l'amour, du monde et de la vie. Avec sa musique à lui.
Un artiste tout simplement.

(Michel Berger, 1982)

Evidemment
(Paroles et Musique : Michel Berger, 1987)

Y'a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout

Y'a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout

Evidemment, évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant

Evidemment, évidemment
On rit encore
Pour des bêtises
Comme des enfants

Mais pas comme avant

Et ces batailles dont on se fout
C'est comme une fatigue, un dégoût
A quoi ça sert de courir partout
On garde cette blessure en nous
Comme une éclaboussure de boue
Qui ne change rien
Qui change tout

Evidemment, évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant

Evidemment, évidemment
On rit encore
Pour des bêtises
Comme des enfants

Mais pas comme avant
Pas comme avant...

A Coco Balavoine

Haut de page


Michel Berger s'adresse à Jean-Jacques Goldman à propos de son duo avec Daniel Balavoine ("Je marche seul"), lors du concert pour l'Ethiopie du 16.10.1985 :

Michel Berger : Tu lui avais dis quelque chose dans le genre que "...tu étais honoré de chanter avec lui..."
Jean-Jacques Goldman : C'était la vérité.
France Gall : Ca l'avait bouleversé
Berger : Ca l'avait vraiment impressionné. Tu sais, on parlait tout à l'heure qu'il avait envie d'être reconnu...
Yves Simon : Oui...là il m'a dit quelque chose en sortant de scène. Il m'a dit "...quand on démarre une chanson avec Goldman, on sent tout de suite que c'est une grande chanson, et ça fait une drôle d'impression...". Je te jure.
Berger : Que tu lui dises que t'étais honoré de chanter avec lui, c'était une reconnaissance pour lui. Est-ce que ça représentait quelque chose d'important pour toi ?
Goldman : Oui, c'était la vérité puisque moi, j'avais dû faire... je sais pas...trois albums à ce moment là. Et lui, il avait déjà une carrière derrière lui. C'était une référence pour tous les musiciens.
Berger : Il avait pris plus de coups !!
Goldman : Ca aussi, sûrement oui... Mais enfin lui, il les prenait... je pense que ça laissait plus de traces sur lui. C'était vraiment assez sensible...dans le sens où il ne pouvait pas dormir, je suppose, si on disait du mal de lui ou des trucs comme ça. Il prenait tout "à fond la caisse".
Berger : Parce que tu dors toi ? Tu dors bien ?
(Rires) Goldman : ...oui, je dors bien !!
Berger : C'est formidable !!!
Yves Simon : Daniel, c'était un modèle, je pense, pour des gens. C'est-à-dire, c'est toujours important qu'il y ait quelqu'un, à un moment, qui reflète la vérité. Dans toutes les choses floues que l'on voit autour de nous, il y a des gens qui centrent sur la vérité. Balavoine c'était ça, parce qu'il avait de la gueule.
Goldman : Je me dis que, finalement, tout ce qu'il a dit avant, ça a pris encore plus d'ampleur après sa mort, parce que les gens ont vu qu'il l'avait signé de sa vie d'une certaine manière.
Berger : Oui, absolument.
Goldman : Et que donc, la façon qu'il meure de cette façon là, ça a été la preuve que tout ce qu'il disait, c'était quelque chose d'honnête...
Berger : ...de crédible.
Goldman : Oui, de crédible et qu'ils pensaient qu'il vivait.

Haut de page


Entre chanteurs, on se voit souvent sur les plateaux de télévision. Et puis on ne se voit plus après. Michel Berger, je l'aimais beaucoup sans le connaître. J'étais très sensible à la façon dont il écrivait les chansons. Donc, beaucoup de respect. Et un jour Michel Berger m'a appelé comme ça. J'ai été très surpris de l'avoir au téléphone parce qu'on s'était entrevu comme ça sur des plateaux de télévision. Il m'a invité à diner avec Alain Souchon. Il m'a dit "...je vais appeler Alain, aussi, pour voir si on peut se voir...". C'était après la mort de Daniel. Il m'a dit "...ce serait bien qu'on se connaisse parce que moi, je t'aime bien...". Je lui ai dit "...moi aussi...". Il me dit "...c'est mieux de se connaître pendant qu'on est vivant qu'après..."

Haut de page


Mon admiration pour Daniel Balavoine a connu une évolution croissante. C'est pourquoi j'ai ressenti le besoin, dans mon dernier album, de lui dédier une chanson, "Dormir debout". La façon dont il a disparu subitement et cruellement pour tous les gens qui l'aimaient, l'énorme trou que ça laisse dans le paysage musical français, c'est comme si on perdait Jonasz dans une catastrophe. Il y a une dizaine de gens comme ça qui sont primordiaux. Balavoine était l'un des plus représentatifs de par son don d'invention et les risques qu'il a pris, tant dans son discours que dans sa musique. C'est comme quand on a perdu Jimi Hendrix, j'avais 17 ans. Il te manque quelqu'un... J'imagine ce que Daniel aurait fait aujourd'hui. Il atteignait sa pleine maturité avec le temps et la sérénité, tout d'un coup, ça l'a fauché...

J'aimais ses coups de gueule. Avec lui et Coluche, les jeunes avaient des mecs qui étaient intelligents, incisifs, moqueurs, insolents... Depuis qu'ils ont disparu, le discours politique n'a plus à se méfier de la satire que faisait Coluche, ni de l'analyse froide et déterminée de Balavoine. C'était vraiment deux points de feu que les politiciens pouvaient craindre. Aujourd'hui, ils ont l'âme plus tranquille pour balancer leurs conneries. Moi, je ne suis pas assez sûr de moi pour les remplacer en quoi que ce soit. Quand je suis devant un micro, je n'ai qu'une envie, c'est de disparaître dans un trou de souris. Renaud, il ne sait pas trop non plus. Goldman, c'est le mec discret aussi. Il ne reste plus que des mecs discrets. Alors qu'il faudrait malgré tout, quelqu'un qui monte au créneau..."

Dormir debout
(à Daniel Balavoine)

J'ai dû dormir debout,
Pas un mot, pas un geste
L'homme qui pouvait sauver l'amour
Est parti sans laisser d'adresse
Quelque part au ciel
J'attends des nouvelles
Mais les étoiles sont floues

Il tombe autant de pluie
Que tout l'amour qu'il mérite
L'homme qui courait après Lucie
Est parti quand même un peu vite
Dans les mauvaises fables,
Dans les vents de sable,
Le diable est partout

J'ai dû dormir debout... dormir debout

C'est une histoire de fous,
Tout ce vide que tu laisses
L'homme qui pouvait sauver l'amour
Est parti sans laisser d'adresse
Au ciel, quelque part, difficile à voir,
Quand t'es K.O. debout...
Des millions de lumières,
Accrochées aux barrières,
De ce temps qui gâche tout,
Comme des signaux pour lui dire,
Qu'y a déjà des rivières,
Au milieu des déserts.
Et des champs de cailloux.
Et qu'on lui garde surtout,
Et qu'on lui garde surtout,
Sa place au milieu de nous.
... au milieu de nous...

Juste au milieu de nous,
Pour tout le temps qu'il nous reste,
L'homme qui pouvait sauver l'amour
Est parti sans laisser d'adresse
Dans le fond du ciel,
Jusqu'aux murs des hôtels,
Les étoiles sont floues

J'ai dû dormir debout... dormir debout
J'ai dû dormir debout... dormir debout
J'ai dû dormir... debout...

Haut de page


Inacceptable.
Ta mort ne passe pas. Révoltée, je la refuse. Cette fois-ci le spectacle ne continue plus. C'est trop, "c'est too much". Depuis la semaine dernière, je m'interroge. Si on tue maintenant ceux qui font du bien aux autres, que veut dire la vie, cette course à la gloire, cet amour des projecteurs ?

Ta mort, Daniel, remet en cause notre vie, nos disputes, nos chagrins d'amour, tous nos maux que l'on trouve si importants, et nos rêves aussi, nos étoiles dans les yeux. Depuis la semaine dernière, les larmes et tous les pourquoi défilent sans réponse.(...)

La dernière fois que je t'ai vu, c'était un printemps, il y a peu d'années.
Tu venais de rencontrer Corinne, tu étais amoureux. Ce soir là, je t'ai vu heureux.
Tu m'en voulais un peu de ne pas t'avoir accompagné tout au long de ta route qui, au bout de trois albums, devenait magique.
Tu n'aurais pas dû nous mettre dans une telle galère.

Cette mort-là, la tienne, elle reste en travers de la gorge.
Parce que si j'avais su que c'était si court, cette vie, on aurait fait l'amitié autrement.

Haut de page

"Je m'emporte..." | Hommages | Balavoine par Manon | Quinze ans déjà


Accueil > Manon > Daniel Balavoine > Hommages

phpMyVisites | Open source web analytics phpMyVisites