Petit sauvage
L'espoir fou de celui qui ne renonce jamais

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Clown triste | Petit sauvage | Heureux de vivre | Epilogue

« Vous pouvez les enterrer profondément ; vous pouvez les faire passer dans des tunnels, les dévier, les arrêter, essayer de les oublier, perdre la carte de leur tracé et effacer le nom de votre esprit, ça ne changera rien : là où était une rivière, il y aura toujours une rivière. » (Dorothy L. Sayers & Jill Paton Wash, Au crépuscule de l’empire)

Comme un géant | La quête d'un petit sauvage | Stratagèmes : 1-Balavoine, 15 ans déjà
2-Rêves d'Afrique | 3-Un Tigrou pour Manon | 4-Livre d'or | 5-Vingt ans demain
Celui qui se souvient... et qui avance enfin

Pendant quelques temps, j'ai tenté de me convaincre que j'avais tourné la page. Que je n’étais pas en train d'attendre un hypothétique retour de Manon, que je devais aller vers d’autres rencontres sans hésiter pour mieux l’oublier et avancer… Je me répétais qu’elle ne reviendrait pas, puisqu’elle avait cessé de m’aimer, et qu'au fond d'elle il ne subsistait plus rien de l’amour qu’elle avait pu éprouver pour moi.

Extrait mp3 (342 Ko)
« Bien sûr que le temps a passé,
Que notre histoire est terminée...
Peut-être, mais peut-être pas pour moi
Même si je sais que tout s'efface
Tu reste là et rien ne passe...
Tu m'aimes bien, je t'aime tout court
La différence s'appelle l'amour (...)
Laisse-moi venir de temps en temps
Laisse-moi me dire qu'c'est comme avant...
Laisse-moi partir, même si je mens,
Laisse-moi me dire qu'avec le temps... »
(Patrick Bruel - Tout s'efface)


L'UN SANS L'AUTRE > Petit Sauvage

Comme un géant

Très vite pourtant, des voix plus fortes sont venues me dire que je devais y croire encore. Qu’elle était partie pour mieux revenir, qu’elle gardait au fond d’elle une place à part pour le souvenir de ce que nous avons vécu ensemble… Je sentais que quelque chose en moi ne cesserait jamais d’y croire. Malgré son départ, je réalisais que je l’aimais encore, plus fort que jamais, et que je devais tout tenter pour redonner vie à cette histoire... quels qu'en soient les risques.

[ "Vous me direz encore..." - poème pour Manon ]

Alors aussi fou que cela puisse paraître, j’ai commencé à y croire plus fort que jamais : l’idée de la retrouver me portait et me donnait des ailes ! Je me sentais dans la peau d’Alexandre Eiffel, le héros du roman "Le Petit Sauvage", dont la mission serait de reconquérir l’amour de celle qu’il aime… un amour "impossible", puisqu’elle venait de me quitter, qu’elle avait cessé de m’aimer, et que ces huit ans d’écart si pesants entre nous nous sépareraient toujours ! Voilà un projet qui m’enthousiasmait au plus haut point, et qui correspondait assez bien à l’idée de l’amour que je voulais vivre : quelque chose d’inaccessible à conquérir, en construisant son chemin petit à petit, porté par l’espoir et les rêves de grand amour… Aimer et vivre comme un géant !

Comme un géant

Peter Pan ne veut pas grandir… moi, je souhaite par dessus tout rester petit.

Petit, comme le petit Prince de St Exupéry. Comme le petit sauvage d’Alexandre Jardin. Comme un petit clown qui répand le rire et la bonne humeur dans les cœurs. Comme un petit poète qui fait chanter les mots et la vie… Petit, comme un enfant aussi !

Face à ces personnages qui peuplent encore les rêves de ma jeunesse, comme face à tous ces mômes qui s’abreuvent pleinement de ce qui fait l'essentiel de l'existence, ces enfants qui savent vivre vraiment, ces gamins d’amour qui donnent sans compter et parviennent d’un rien à toucher le cœur de ceux qui les entourent… moi petit homme, je me sens encore si misérable, si insignifiant, si loin de leur vérité !

Je me suis longtemps posé la question : comment peut-on être aussi petit et parvenir à vivre aussi fort, à rêver aussi haut, à aimer aussi grand ? Car ces « petits » êtres-là sont avant tout des géants de la vie… Dotés d’un cœur immense, d’une grandeur d’âme sans bornes, d’une jeunesse d’esprit infinie et d’un appétit de vivre qui confine à la boulimie. C’est à force de les côtoyer que j’ai fini par comprendre leur secret... ce secret que j'essaie de mettre en pratique et de m'approprier un peu plus chaque jour :

« Seuls deviennent grands ceux qui savent rester petits : ceux qui savent conserver la fraîcheur, la candeur ingénue - certains disent naïveté -, la spontanéité et l’humilité de leur enfance. Mais aussi, seuls grandissent ceux qui conçoivent leur existence en grand format ; ceux qui ne s’embarrassent pas de ces barrières qu’on veut trop souvent mettre sur leur parcours, et qui ne voient que du réalisable dans les rêves qui les habitent »

Ainsi faut-il envisager la vie - et l’amour… Existe-t-il un amour vrai qui n'ait pas la couleur de l'enfance ? Est-il concevable d'aimer autrement que démesurément ? Tous ceux qui ont aimé un jour connaissent la valeur de ces rires d’enfants qui s’emparent d’eux dans les moments de félicité totale. Ils savent que l’on n’aime jamais aussi fort que lorsque l’on permet à son esprit de s’envoler, à son corps de s’abandonner. Les demi-émotions, les demi-sentiments, n’ont jamais mené qui que ce soit bien loin.

Il faut, pour savoir que l’on aime vraiment, que l’esprit s’éclaire de rêves, qu’une immense sensation de bien être envahisse le corps. Que le cœur s’élève aussi bien sûr, qu’il soit animé par cette confiance audacieuse qui permet de tout dépasser, qu’il permette d’aimer sans mesure… Pour aimer sincèrement, il importe également que l’esprit reste lucide, qu’il soit à l’écoute des désirs de ce cœur, à l’écoute des signes de l’existence, à l’écoute de l’amour de l’autre. C’est l’évidence, aimer est une épreuve exigeante et difficile - et il faut s’en réjouir ! C’est une épreuve de géant… Qui d’autre qu’un être surdimensionné peut être capable d’avoir à la fois la tête dans les nuages et les pieds sur terre ?

Voilà l’amour que je veux suivre, voici l’histoire que je veux vivre. Celle d’un petit homme qui rêve de devenir grand comme un petit prince… et petit comme un géant.

Cyril, En attendant Manon

Pour la première fois, j'écrivais à Manon mais je choisissais de ne pas lui envoyer... Cette lettre marquait le début de mon attente... et de ma quête désespérée.

[ Lettre à Manon (4) - décembre 2000 ]

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L'UN SANS L'AUTRE > Petit Sauvage

La quête d'un petit sauvage

« Une quête commence toujours par la Chance du Débutant.
Et s'achève toujours par l'Epreuve du Conquérant. »

(Paolo Coelho, l'alchimiste)

Ce qui pouvait sembler déraisonnable et utopique me semblait à moi d'autant plus sensé que je voyais cet amour inaccessible si grand, si proche et si réalisable…

Extrait mp3 (300 Ko)
« Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre... l'inaccessible étoile... »

(Jacques Brel, la quête)

J’avais vu briller les yeux de Manon lorsqu’elle était avec moi, j’avais senti son cœur battre contre le mien, j’avais partagé avec elle des moments de bonheur et de plaisir d’une intensité rare… Je ne pouvais oublier tout cela, et je savais que je n’avais pas été seul à ressentir la qualité de ces moments-là. Comment, dans ces conditions, et alors que notre relation n’avait jamais connu la moindre dégradation, le moindre rapport conflictuel, comment était-il possible qu’elle ne garde pas un souvenir impérissable de ces moments-là ? Je voulais croire qu’elle espérait revivre quelque chose d’aussi fort dans sa vie amoureuse, je voulais imaginer qu’elle m’avait gardé une place à part dans un coin de son cœur, et qu’aucun garçon ne saurait le faire battre plus fort que moi je n’avais su le faire… Evidemment je ne lui souhaitais que du bonheur, je lui souhaitais de vivre des moments aussi beaux et grands que ceux que nous avions vécus ensemble, et j’avais envie qu’un garçon la rende totalement heureuse, elle méritait tellement d’être aimée… mais j’avoue que j’aurais vraiment aimé que ce garçon… ce soit moi ! Je voulais croire qu’elle n’oublierait jamais la force du lien qui nous avait uni pendant ces quelques mois, je voulais qu’elle se souvienne un jour de la qualité de la relation que nous avions partagé, et qu’elle en comprenne la valeur, la rareté et l’unicité…

J’avais bien conscience de l’écart entre le monde réel et celui des rêves, je me rendais compte de l’absurdité de la situation, et je connais l’imprévisibilité de la vie ; mais, j’avais besoin de me raccrocher à un espoir amoureux, j’avais besoin de croire à quelque chose et j’avais par-dessus tout besoin d’aimer. Manon était alors l’unique habitante de mon cœur, et aucune autre n'aurait pu la déloger ! « Encore combien d’hivers passeront sous ma porte avant qu’un jour j’ose dire que j’aime quelqu’un d’autre… » (Cabrel)

« Pour le guerrier de la lumière, il n'existe pas d'amour impossible. Il ne se laisse pas intimider par le silence, par l'indifférence ou par le rejet. Il sait que, derrière le masque glacé dont se servent les gens, il y a un coeur de braise. Aussi le guerrier prend-il plus de risques que les autres. Il cherche sans répit l'amour de quelqu'un - même si cela implique d'entendre souvent le mot "non", de rentrer chez soi vaincu, de se sentir rejeté corps et âme.
Un guerrier ne se laisse pas effrayer quand il cherche ce dont il a besoin. Sans amour, il n'est rien. »

Paolo Coelho, Manuel du guerrier de la Lumière

Je lui avais bien fait comprendre que je ne voulais pas avoir de contacts avec elle - j’en rêvais pourtant, elle me manquait tellement ! Mais je savais que je ne devais pas revenir trop tôt dans sa vie… elle devait grandir, mûrir, vivre ses moments, aimer, souffrir… Dans mon esprit c'était la seule possibilité pour qu’on se retrouve un jour.

Dans la nouvelle peau de mon personnage d’Alexandre Jardin (un mélange de Zubial et de Petit sauvage…), la question essentielle qui se posait à moi était alors : comment faire pour qu’elle se souvienne de moi lorsqu’elle serait prête à aimer - et à s'engager ? Dans tous les cas, je devais à tout prix éviter quelques écueils.

  1. Le pire : devenir son ami. Je m’en suis préservé en coupant tout, tout de suite… Oui j’aurais pu continuer à aller la voir régulièrement, à l’appeler, et à jouer au grand frère… mais on ne peut pas tomber amoureux de son grand frère ni de son meilleur ami !

    « L'amitié m'apparut alors comme l'ennemie véritable de notre passion. Il n'entrait pas dans mes vues de permettre à Fanfan de jouir de son corps avec un autre.
    La vigueur de ma réaction me laissa cependant perplexe. Je soupçonnai soudain Fanfan de réclamer des relations amicales pour obtenir un refus. Elle n'aurait pas mieux agi Si elle avait voulu m'inciter à franchir le premier pas. Mais que son exigence fût sincère ou calculée, il me fallait remettre du rêve et de la séduction entre nous, contre le gré de Fanfan. Je n'avais pas souffert jusqu'à présent pour qu'elle devint mon "meilleur ami" ».
    Alexandre Jardin, Fanfan

  2. Lui donner des raisons de penser qu’elle avait pris la bonne décision… Si je m’étais accroché, montré faible et larmoyant, si j’étais allé chaque semaine lui demander si son amour pour moi s’était réveillé, je n’aurais fait que la conforter dans son choix, et jamais elle n’aurait pu ressentir autre chose pour moi… je me serais condamné ; là j’ai essayé de partir dignement et la tête haute, en lui laissant la responsabilité de notre séparation.

    Extrait mp3 ( 294 Ko)
    « Vingt ans demain
    Les mains dans ma musique, j'attendais le réveil
    Une petite voix de rien s'installait dans ma tête, me donnait des conseils
    "Va et cours et joue ta vie" et j'ai obéi
    "Va et cours et brûle ta vie" et je disais oui
    Tout connaître tout savoir, le prix du bonheur et du désespoir
    Mais j'ai compris trop tard...
    Y'a vraiment qu'l'amour qui vaille la peine
    Y'a vraiment qu'aimer d'amour qui tienne
    Pas celui qu'on lit dans les mauvais poèmes
    Mais le vrai, celui qui vous dévore le coeur, qui vous fait peur... »
    (Michel Berger - Y'a vraiment qu'l'amour qui vaille la peine)

  3. L’empêcher de vivre sa vie et ses histoires d’amour, profondes et légères… comment sinon aurait-elle pu comprendre la valeur de ce que nous avions vécu ? Le risque bien sûr, c’était qu’elle rencontre l’homme de sa vie… et que ce ne soit pas moi !

    « Vous êtes si jeune, si neuf devant les choses, que je voudrais vous prier, autant que je sais le faire, d'être patient en face de tout ce qui n'est pas résolu dans votre coeur. Efforcez-vous d'aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme une pièce qui vous serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour le moment des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les "vivre". Et il s'agit précisement de tout vivre. Ne vivez pour l'instant que vos questions. Peut-être, simplement en les vivant, finirez-vous par entrer insensiblement un jour, dans les réponses. » Rainer-Maria Rilke, Lettres à un jeune poète

  4. La laisser m’oublier… pour éviter que la fatalité précédente n'arrive, je devais bien évidemment continuer à exister dans sa vie - mais sans y être présent, subtil dosage. Je devais essayer de la toucher, de lui rappeler l’amoureux que j’étais, de lui manquer, de me faire regretter… mais sans me livrer, sans lui écrire directement, sans lui confier mes sentiments. J’avais quelques idées pour ça, que Jardin n'aurait sans doute pas dénigrés !

Extrait mp3 (71 Ko)
« Comment faire briller mon âme
Comment marcher sur les flots
Me réveiller un matin contre ta peau
Contre ta peau...
Au milieu des autres
Au milieu des autres
Je penche au milieu des autres
Pour que tu me vois
Je penche au milieu des autres (...)
Je penche
Au milieu des autres
Au milieu des autres
Je penche
Au milieu des autres
Pour que tu te penches sur moi... »
(Calogero - Au milieu des autres)

C'est ainsi que j'ai commencé à échafauder quelques stratagèmes pour qu'elle revienne dans ma vie...

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L'UN SANS L'AUTRE > Petit Sauvage

Balavoine, Tigrou, l'Afrique...
stratagèmes

Le 14 Janvier 2001 marquait le 15ème anniversaire de la mort de Balavoine. Après des heures et des nuits à compiler des documents sur l'idole de Manon grâce au net (cf. la page des liens), je lui faisais parvenir un CD et un bouquin réalisés par mes soins, ainsi qu'un poème composé pour elle pour l'occasion. J'espèrais ici faire vibrer l'une de ses cordes les plus sensibles...

[ Quinze ans déjà - poème pour Manon ]

Un mois après notre dernière conversation téléphonique, elle m'appelait ce même soir pour me remercier. Nous échangions quelques mots mais j'étais incapable de lui parler vraiment... elle ne soupçonnait rien de ce que je ressentais encore pour elle, ni de tout l'amour que j'avais mis dans ce geste !

Ce même mois de janvier, après un gros coup de blues au réveillon avec le réveil de toute l'immensité de son absence, je tentais enfin de repartir de l'avant.  Je rêvais de m'évader, de partir loin, de voyager... Prêt à tout pour la reconquérir, je cherchais quelque chose qui aurait pu l'émouvoir vraiment, je voulais lui offrir quelque chose qui la fasse vibrer au plus profond d'elle même... L'Afrique bien sûr ! L'Afrique de Balavoine, l'Afrique du désert, l'Afrique de l'action humanitaire, l'Afrique de la générosité, l'Afrique, cette destination dont elle rêvait tant !

« Moi aussi, je veux bien aller en Afrique avec toi... Tu comprends, c'est là-bas que je me sens bien ! "Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage... ici nos rêves sont étroits... c'est pour ça que j'irai là-bas !" (Goldman) Tout m'y paraît tellement plus beau, rien que d'y penser ça me serre le coeur ! Les gens, les paysages, la nature, les couleurs... J'en ai les larmes aux yeux rien que d'imaginer ! Là-bas... Les enfants aux pieds nus, les chants des femmes sur les jours qui s'achèvent, et l'eau si précieuse, le prix de la vie qu'on ressent enfin... "Beau comme on n'imagine pas..." Et je me perdrai, si je n'y vais pas ! J'ai envie, j'ai envie d'y aller... Afrique, soleil, sable rouge, et feuilles qui fânent, enfants qui courent... Musique et djembés, dunes et grands espaces, infini, extrême et Killimandjaro, éléphants et eau qui fait envie... Un petit Prince qui chuchote, un vent qui se lève et emporte la terre, la peau noire et les regards d'un peuple différent, les sourires qui surpassent nos langages éloignés... Les oiseaux, la nature, les couleurs, et ma vie de petite européenne qui s'en va pour un moment retrouver la paix et la sérénité des endroits que l'homme a pas encore cassés... » (Extrait d'une lettre de Manon)

J'étais prêt à partir seul, je devais aller en Afrique, je devais revoir le désert... Pour l'oublier ou pour mieux me souvenir d'elle, je devais aller là-bas. Quelques jours plus tard, j'étais inscrit sur un séjour de deux semaines qui me mènerait au Sénégal. Avec une idée en tête : ramener à Manon des photos d'Afrique et du sable du désert pour sa collection...

En attendant, je choisissais de laisser grandir Manon, de l'attendre, et de l'aimer en secret...

Extrait mp3 (151 Ko)
« J'irai voir les rois de la brocante
"Vendez mon coeur trois francs cinquante"
Tu savais si bien l'écouter
Que ma vie s'est arrêtée
Quand tu m'as quitté...
Je voulais te dire que je t'attends
Et tant pis si je perds mon temps
Je t'attends, je t'attends tout le temps
Sans me décourager pourtant
Comme quelqu'un qui n'a plus personne
S'endort près de son téléphone,
Et sourit quand on le réveille
Mais ce n'était que le soleil... »

(Michel Jonasz - Je voulais te dire que je t'attends)

Puisqu'elle avait besoin de vivre sa vie et sa jeunesse, je décidais de faire le mort, de sortir complètement de sa vie, de ne plus chercher à la toucher, de ne pas répondre à ses lettres dans lesquelles elle me demandait des nouvelles...

Extrait mp3 (228 Ko)
« Et si tu crois que j'ai eu peur, c'est faux
Je donne des vacances à mon coeur, un peu de repos
Et si tu crois que j'ai eu tort, attends
Respire un peu le souffle d'or qui me pousse en avant, et
Fais comme si j'avais pris la mer
J'ai sorti la grand'voile
Et j'ai glissé sous le vent
Fais comme si je quittais la terre
J'ai trouvé mon étoile
Je l'ai suivie un instant
Sous le vent

Et si tu crois que c'est fini, jamais
C'est juste une pause, un répit après les dangers
Et si tu crois que je t'oublie, écoute
Ouvre ton corps aux vents de la nuit, ferme les yeux, et
Fais comme si j'avais pris la mer
J'ai sorti la grand'voile
Et j'ai glissé sous le vent
Fais comme si je quittais la terre
J'ai trouvé mon étoile
Je l'ai suivie un instant
Sous le vent... »
(Garou / Céline Dion - Sous le vent)

Je choisissais de faire le mort, mais je n'avais aucune intention de la laisser m'oublier. Je fixais la date symbolique du 26 septembre 2001 pour me rappeler à son souvenir : le jour de ses vingt ans... Mon cadeau, ce serait un peu d'Afrique (le récit et les photos du Sénégal) et de désert (une bouteille de sable).

Je me rendais compte de l'absurdité de ma démarche, en train de tirer des plans sur la comète et de prévoir ce que j'allais faire huit mois plus tard ! D'ici là, j'avais cent fois le temps de l'oublier et de retomber amoureux... Mais je trouvais du plaisir à faire le mort, alors je m'y tenais.

Je craquais une seule fois, au printemps 2001, en rencontrant une petite fille de trois ans en extase devant une peluche de Tigrou (un grand copain de Winnie l'Ourson, une autre des idoles de Manon). En entendant rire Pauline, j'entendis le rire de Manon, je parvins à imagine ses sourires et ses réactions de petite fille que j'aimais tant... Je décidais de lui envoyer la même peluche... anonymement. Je collais sur le colis une adresse tapée à l'ordi, je l'expédiais de la poste de sa ville par mon meilleur ami, sans un mot d'explication.

L'histoire complète...

Pauline et Tigrou
Une création perso inspirée par une môme de trois ans,
fascinée comme Manon par les peluches !

Raté pour l'anonymat, dès le lendemain elle m'envoyait un mail pour me remercier... Ce n'était pas cette lettre que j'attendais tant après la fin de notre histoire, ni cette déclaration ouverte de la renaissance de ses sentiments à mon égard. Ce n'était qu'un mail sincère et touchant pour me témoigner une fois de plus son affection... pas son amour.

Extrait mp3 (161 Ko)
« Bien sûr,
Tout ca n'arrive qu'à votre insu
Le pire
N'est même pas le pire qu'on avait prévu
Bien sûr
Je garde un espoir perdu
Histoire
De mettre en mémoire ce qui n'est plus

Je vis où tu m'as laissé
Comme étranger à moi même
L'amour à perpetuité
Je m'étais pris à en rêver
... »

(Calogero - Je vis où tu m'as laissé)

Extrait mp3 (174 Ko)
« Encore un effort
Quelques mois suffiront
Je suis presque mort
Quelques mois et c'est bon
Supprimer les traces, la moindre trace
Ce qu'il reste de candeur
Un morceau de glace à la place du cœeur

Et même si je m' améliore
Oh j'en rêve encore
Même cassé, ivre mort
Oh j'en rêve encore
Encore, encore... »
(Gérald De Palmas - J'en rêve encore)

Cette attente et ce manque de nouvelles me devinrent bientôt insupportables... Je commençais à réaliser que je n'avançais pas, que mon espoir était voué à l'échec... Gros coup de blues.

[ Lettre à Manon (5) - avril 2001 ]

Extrait mp3 (318 Ko)
« Comment est ton amour
Comment est ta peine
Maintenant et toujours
Comment je saurai

Comment est ton ami
Comment est ta peine
Comment t'aimer aussi
Comment je saurai

Et tes yeux à regarder la mer
Tes ombres
Tes ombres, tes lumières
Tes cheveux à épouser la terre
Dis-moi
Comment je saurai
Comment je saurai

Comment te devenir
Comment tu voudrais
Comment ne plus te dire
Comment je saurai

Comment te partager
Au chemin que j'avais
Comment te retrouver
Comment je saurai

Et tes rêves à raconter la lune
Tes chacuns
Tes chacuns tes chacunes
Tes doigts qui auront fait fortune
Dis-moi
Comment je saurai
Comment je saurai

Comment est ton amour
Comment est ta peine
Maintenant et toujours
Comment je saurai... »

( Pagny - Comment je saurais)

[ "Réponds-moi" - poème pour Manon ]

Un mois plus tard, Manon découvrait sur mon site perso quelques pages dédiées à une certaine "Manon"  dans laquelle elle se reconnaissait... Ces pages - qui préfiguraient la création de ce site - racontaient brièvement notre histoire. Elle laissait un message dans le livre d'or en signant "Manon"... C'est la seule signataire que je n'ai pas remerciée personnellement par mail.

« Que ceux qui lisent ces mots s'enlèvent vite du crâne que je mets un 10 sur 10 pour ce site passque y'a plein de jolis trucs écrits sur moi ... Vraiment ton site est super, j'ai voulu y aller par curiosité, j'y ai retrouvé le Cyril immensément humain et plein d'enthousiasme que j'aime tant... Continue d'exister, d'exister comme ça, continue... (Chante, la Vie, chante ! )
Merci pour Tigrou, je comprends pas tout de ce qu'il dit, mais il m'a fait très très plaisir ...
En attendant de tes nouvelles, fais tout à la Carpe Diem, et te laisses pas vieillir, hein ?!!
Merci de tout ce que tu as écrit. Merci ! - Manon »

En plein coeur de l'été 2001, à l'écart dans les dunes sénégalaises du désert de Lompoul, je remplissais une bouteille pleine de sable... Emotion particulière.

Deux mois plus tard, je transférais le sable dans une bouteille de rosé de Provence portant l'inscription "Manon" (!) et j'achevais le récit de voyage que je lui destinais, plein de photos d'Afrique... J'emballais le tout dans un carton.

Le 25 septembre, la veille des vingt ans de Manon, je prenais la route de chez elle à quatre heures du matin, fatigué mais tenu éveillé par l'importance d'une mission programmée depuis huit mois !... Une heure plus tard, au bord d'une petite route de montagne perdue qui domine son lac, dans un endroit où nous venions très souvent ensemble avant de nous séparer, à cinq kilomètres de chez elle, je dissimulais mon colis bien emballé dans deux sacs plastiques sous quelques branches, et je flèchais le parcours avec une craie : "Manon -->>..."

En redescendant, je déposais une enveloppe dans sa boîte aux lettres contenant notamment un CD de chansons intitulé "Vingt ans demain..." (en référence à un titre de Michel Berger dont les textes me semblaient parfaitement coller au personnage de Manon), comprenant quelques chansons qui parlaient de la vie et de l'amour à vingt ans.

Extrait mp3 (294 Ko)
« Vingt ans demain...
Les mains dans ma musique, j'attendais le réveil
Une petite voix de rien s'installait dans ma tête,
Me donnait des conseils : "Va et cours et joue ta vie"
Et j'ai obéi
"Va et cours et brûle ta vie", et je disais oui
Tout connaître, tout savoir
Le prix du bonheur et du désespoir
Mais j'ai compris trop tard...
Y'a vraiment qu'l'amour qui vaille la peine... »

(Michel Berger - Y'a vraiment qu'l'amour qui vaille la peine)

« On se dit qu'à vingt ans , on est les rois du monde
Et qu'éternellement, il y aura dans nos yeux tout le ciel bleu
C'est le temps des copains, le temps de l'amour et de l'aventure... »

(Les enfoirés 2001 - Medley "le temps")

« Pleure pas, crie pas, n'oublie pas que tu as vingt ans
Ne te laisse pas vieillir, ou tu vas mourir... »

(Balavoine - Les oiseaux 2ème partie)

L'enveloppe contenait également une lettre signée d'un certain "Tigrou" qui l'informait qu'un cadeau l'attendait si elle réussissait à reconstituer le message joint : un puzzle de 14 pièces dévoilant un texte qui lui révélerait l'endroit où j'avais caché son cadeau. Manon devait donc reconstituer le texte, résoudre l'énigme et prendre sa petite voiture pour retrouver son cadeau sur le lieu de nos amours passés...

Je reçus des nouvelles deux jours plus tard par ce mail signé Manon :

« Cher Petit Prince,
J'ai bien réussi à résoudre l'énigme que m'avait posée ton ami Tigrou, et il faudra que tu le remercies pour les cadeaux qu'il m'a offerts, car ils m'ont beaucoup touchée ! Dis-lui aussi que je lui écrirai le plus vite possible plus longuement, les e-mails ne sont pas forcément la manière la plus idéale pour envoyer de ses nouvelles à quelqu'un à qui on n'a pas écrit depuis longtemps !
Merci encore beaucoup pour cette petite aventure rigolote, qui je crois place mes 20 ans sous le signe de la fantaisie !

Gros bisous à tous, Tigrou, le Petit Prince, et merci pour toutes ces images d'Afrique qui me donnent tellement envie !
A bientôt, Manon »

« Petite aventure rigolote... » Voilà comment Manon allait qualifier cette aventure dans laquelle j'avais mis tant d'amour, tant de temps et tant de force. A-t-elle seulement réalisé que c'était dans le but de lui ramener quelques grains de sable que je m'étais décidé à aller en Afrique ?

Extrait mp3 (91 Ko)
« Et j'avais fait des merveilles en bâtissant notre amour
En gardant ton sommeil, en montant des murs autour
Mais quand on aime on a tort, on est stupide, on est sourd
Moi j'avais cru si fort que ça durerait toujours
J'avais cru si fort que ça durerait toujours... »

(Jean-Jacques Goldman - Les murailles)

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L'UN SANS L'AUTRE > Petit Sauvage

Celui qui se souvient...
et qui avance enfin

Ce fut une sensation bizarre de se retrouver au lendemain de ce jour que j'avais tant attendu, et de réaliser que rien n'allait va changer malgré tout, malgré les mois d'espoir et les heures passées à préparer cette surprise. Déception, désillusion, découragement...

« Un guerrier de la lumière se décourage souvent.
Il pense que rien ne parviendra à susciter l'émotion qu'il espérait. Il passe des après-midi ou des nuits entières à tenir une position conquise, sans qu'aucun événement nouveau vienne raviver son enthousiasme.
Ses amis commentent : "Peut-être sa lutte est-elle déjà terminée."
Le guerrier ressent douleur et confusion en écoutant ces paroles, car il sait qu'il n'est pas parvenu là où il voulait. Mais il est têtu, et il n'abandonne pas ce qu'il a décidé de faire.
Alors, au moment où il s'y attend le moins, une porte s'ouvre. »

Paolo Coelho, manuel du guerrier de la Lumière

Au cours de cet automne 2001, je prenais enfin conscience de la vanité et de l'absurdité de ma démarche, à vivre cet amour platonique, cette relation à sens unique avec une Manon qui s'était éloignée si loin de notre histoire.

Pourtant, je ne parvenais pas à oublier, je n'arrivais toujours pas à tourner la page pour de bon, et j'espérais encore. Il y avait toutes ces chansons emplies de nostalgie et d'espoir, qui parlaient de retrouvailles et de la survie des sentiments en dépit des années qui passent...

Extrait mp3 (103 Ko)

« Bien sûr, j'ai d'autres certitudes, j'ai d'autres habitudes
Et d'autres que toi sont venues, les lèvres tendres, les mains nues
Bien sûr
Bien sûr j'ai murmuré leurs noms
J'ai caressé leur front
Et j'ai partagé leurs frissons

Mais d'aventure en aventure
De train en train, de port en port
Jamais encore, je te le jure
Je n'ai pu oublier ton corps
Mais d'aventure en aventure
De train en train, de port en port
Je n'ai pu fermer ma blessure
Je t'aime encore ... »
(Serge Lama - D'aventures en aventures)

Extrait mp3 (749 Ko)

« Je n'aurais jamais cru qu'on se rencontrerait
Le hasard est curieux, il provoque les choses
Et le destin pressé un instant prend la pose
Non je n'ai rien oublié

Je souris malgré moi, rien qu'à te regarder
Si les mois, les années marquent souvent les êtres
Toi, tu n'as pas changé, la coiffure peut-être
Non je n'ai rien oublié

Marié, moi ? allons donc, je n'en ai nulle envie
J'aime ma liberté, et puis, de toi à moi
Je n'ai pas rencontré la femme de ma vie
Mais allons prendre un verre, et parle-moi de toi

Qu'as-tu fait de tes jours ? es-tu riche et comblée ?
Tu vis seule à Paris, mais alors ce mariage ?
Entre nous, tes parents ont dû crever de rage
Non je n'ai rien oublié

Qui m'aurait dit qu'un jour sans l'avoir provoqué
Le destin tout à coup nous mettrait face à face
Je croyais que tout meurt avec le temps qui passe
Non je n'ai rien oublié (...)

J'ai voulu te revoir mais tu étais cloîtrée
Je t'ai écrit cent fois, mais toujours sans réponse
Cela m'a pris longtemps avant que je renonce
Non je n'ai rien oublié (...)

Cela m'a fait du bien de sentir ta présence
Je me sens différent, comme un peu plus léger
On a souvent besoin d'un bain d'adolescence
C'est doux de revenir aux sources du passé

Je voudrais, si tu veux, sans vouloir te forcer
Te revoir à nouveau, enfin... si c'est possible
Si tu en as envie, si tu es disponible
Si tu n'as rien oublié
Comme moi qui n'ai rien oublié ... »
(Charles Aznavour - Non, je n'ai rien oublié)

Extrait mp3 (164 Ko)

« Jamais je n'aurais cru te revoir et pourtant...
Sois pas étonné je t'ai reconnu à l'instant...
Comment oublier ce regard qui est le tien...
Qui fait que du coup le passé me revient
Dire que le temps tempère l'amour
Que la distance y met un frein
Rien que d'y penser me chamboule
Rien que d'y penser me fait du bien

Souvent on m'a parlé de toi de ta vie
Il paraît que t'occupes un petit coin de paradis
Est-ce vrai que ta maman t'a quitté l'an dernier
Est-ce vrai que tu regrettes que nous nous soyons manqués (...)

Dire que le temps tempère l'amour
Que la distance y met un frein
Rien que d'y penser me chamboule
Rien que d'y penser en vain
Même si la vie a des remords
Que le destin nous joue des tours

Je sais que j'y penserai encore...
Et qu'on y pensera un jour ... »
(Axelle Red - Rien que d'y penser)

Extrait mp3 (115 Ko)

« Je ne t'entends pas très bien, il y a si longtemps
D'où m'appelles tu, d'où vient
ce besoin si pressant de m'écouter soudain
Les poules auraient-elles des dents...

Ma voix t'a-t-elle manqué, après bientôt un an?
Ce serait une belle journée, et il n'y en a pas tant
Je sais me contenter de petites choses à présent

On enterre ce qui meurt, on garde les bons moments
J'ai eu quelquefois peur que tu m'oublies vraiment
Tu as sur mon humeur encore des effets gênants

Mais tu ne me dois rien
J'ai eu un mal de chien
A me faire à cette idée
A l'accepter enfin
Est-ce qu'au moins tu m'en sais gré ?
Chacun poursuit son chemin
Avec ce qu'on lui a donné
Mais toi tu ne me dois rien

Tu ne m'as pas dérangé, je vis seul pour l'instant
Mais je ne suis pas pressé, tu sais, je prend mon temps
Tout est si compliqué, tout me parait si différent

On ne refait pas sa vie, on continue seulement
On dort moins bien la nuit, on écoute patiemment
De la maison les bruits, du dehors l'effondrement

Je vais bien cela dit, appelle moi plus souvent
Si tu en a envie, si tu as un moment
Mais il n'y a rien d'écrit, et rien ne t'y oblige vraiment... »
(Stephan Eicher - Tu ne me dois rien)

Mais cet entêtement ne me gâchait plus la vie, j'avais le sentiment d'avancer, de grandir... Je réapprenais à profiter et à m'enivrer de tout ce qui était bon et beau dans ce qui m'entourait.

Si je n'étais pas encore prêt à aimer, j'étais enfin en train de retomber amoureux... de la vie.

Heureux de vivre
La sérénité de celui qui avance


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